Pono-Teo-Kolossal
Pier Paolo Pasolini
Mise en scène : Paul Moulin
Porno-Théo-Kolossal est le traitement du film éponyme que Pasolini s'apprêtait à tourner juste avant sa mort en 1975.
C'est l'histoire du voyage initiatique qu'accomplissent un Roi Mage et son serviteur pour se rendre à l'endroit où est né le Messie. Partis de Naples, ces deux personnages suivent l'étoile du berger à travers un long périple qui les mène d'abord à Sodome (Rome), puis à Gomorrhe (Milan) ensuite à Numance (Paris) et enfin à Ur. Au départ animés par le désir d'atteindre la vérité, les deux protagonistes réalisent finalement que dans la réalité il n'y a aucune vérité ultime à découvrir : ni le Messie ni le Paradis n'existent...
Porno-Teo-Kolossal est un projet de film qu'on peut qualifier de pornographique, théologique et à grand spectacle.
Porno-Teo-Kolossal prend la forme d'une lecture et sera suivi d'un bal de la fécondation.
Comme souvent chez Pasolini, l'érotisme se mélange avec la politique et la cruauté. On est pris de sentiment contraires, la chaleur aidant, on ne sait plus trop comment on s'appelle.
" Mais très vite débute, la partie de la fête qui concerne la punition des coupables. On apporte deux petits lits au milieu du terrain, sur le sol, vert du stade, sous les acclamations du public, les rires, les noms des esprits, etc. etc. puis on annonce la condamnation dans les haut-parleurs, avec les noms et prénoms des coupables. Nouvelle acclamations, nouveaux rires, nouvelles plaisanteries.
Enfin, la gamine coupable est emmenée en premier au milieu du grand pré par des policiers, on l’oblige à se déshabiller, et elle s’exécute lentement en pleurant, jusqu’à se retrouver toute nue, face à la foule immense. Et elle s'étend à la renverse sur le lit. De nouveau annoncé par les haut-parleurs, trois femmes d’une grande beauté, trois belles plantes, Junoniennes entrent maintenant joyeusement sur le pré. Ce sont les trois lesbiennes qui ont la réputation d’être les plus chaudes de la ville. Elles approchent, arrivent près du petit lit et chacune d’elle, se donne du plaisir, longuement, face au public, qui l'acclame, avec la gamine : laquelle est contraint de faire l’amour avec elles, de se faire prendre avec des phallus de bois et les lécher de faire exactement ce qu’elles veulent.
Puis c’est le tour du jeune garçon. Lui aussi est amené sur un petit lit à côté de la gamine, lui aussi est obligé de se déshabiller devant les 80 000 spectateurs, quand il est tout nu, arrivent, trois jeunes hommes parmi les plus vigoureux de la ville, ceux qui sont dotés, du plus gros membres, orgueilleux, pandards, se dandinant comme des boxeurs, ils sont accueillis par des acclamations, particulièrement enthousiastes et la punition du jeune garçon, et la même que celle de la gamine, il est contraint de subir la violence de ces trois super-bitards, les meilleurs de Rome, le public en délire face à un si excitant, spectacle."
Pier Paolo Pasolini
Lecture imaginée et dirigée par Paul Moulin
Avec : Aurélie Verillon, Maïa Sandoz, Ivanne Barberis, Élisa Bourreau, Adèle Haenel, Sidonie Han, Rozenn Biardeau, Alice Perot-Hodjis
Composition et musique live : Christophe Danvin